Le vin de noix est une boisson de fait-divers qui se prépare à l'orée de l'été. Il se déguste de préférence en reportage sur un Fort Chabrol ou un crime passionnel, chez la voisine du forcené ou de la victime, aussi fière de servir son apéritif maison que de distiller son témoignage. Le vin de noix sied aux intérieurs douillets où le fait-diversier écoute poliment son hôte refaire la généalogie du meurtrier. Au deuxième verre, l'invité menace de s'assoupir un brin enivré, avant de se ressaisir en révisant toutes les déclinaisons des Crackers dans le ravier en porcelaine. L'heure du bouclage approchant, il s'empresse de noter la recette du vin de noix avec la conviction d'en confectionner sa propre cuvée autour de la prochaine Saint-Jean.
C'est vers la fin juin qu'il faut cueillir les noix vertes sans craindre de se maculer les doigts avec le brou de la noix. Ceux qui ont égaré le calepin sur lequel figurait la recette pourront se la procurer dans l'un de ces délicieux opuscules dédiés aux liqueurs domestiques échoués dans les bouquineries. Il faut compter une trentaine de noix pour quatre bouteilles de 75 cl d'un bon vin rouge, un litre d'eau-de-vie, 750 g de sucre roux et des épices qui sont affaire de goût : une gousse de vanille, un bâton de cannelle, deux clous de girofle ou une orange coupée en morceaux. Laver les noix et les essuyer avant de les concasser pour qu'elles libèrent leur puissant arôme. Mettre les ingrédients dans une bonbonne en verre, un tonnelet, et laiss