Un début d’été aussi frisquet, c’est catastrophique pour toutes les cultures, légales ou pas. Une pensée pour les cannabiculteurs. Eux qui bichonnent leurs plantations depuis la graine qui va germer en février jusqu’à la récolte à l’automne, ont peu de chance, cette année, de parvenir à déguster leur production. « C’est une année pourrie », lâche l’un d’eux, écœuré. Loin de vouloir faire l’apologie de la culture du cannabis, il faut reconnaître à ceux qui se lancent dans cette entreprise une certaine forme de courage. Pas dans la version culture intensive qui va rapporter beaucoup d’argent. Non, notre compassion va aux cannabiculteurs amateurs, ces fumeurs de joints bio qui rêvent simplement d’autosubsistance et plantent sur leur balcon, dans leur jardin ou dans leur penderie.
Des cultivateurs atypiques qu’un doctorant en sociologie rattaché à l’école des hautes études en sciences sociales (EHESS), Julien Lefour, a choisi d’étudier (1). Le chercheur travaillait à sa thèse sur les « sociabilités festives», très empreintes d’alcool, quand il s’est aperçu que les jeunes qu’il suivaient ne faisaient pas que boire : un sous-groupe fumait sa propre production. Claude Fischler, son directeur de thèse et spécialiste de l’alimentation, l’a encouragé à creuser le terreau des cannabiculteurs amateurs constatant qu’«ils parlaient de leur production comme d’autres dissertent sur les vins».
Tendance «do it yourself»
Une affaire de goût, en somme. A la nuance près que les cultivateurs de cann