Stéphane tient fièrement à la main un petit cartable en cuir. Il a une veste à carreaux orange et marron délicieusement seventies, et les mollets dénudés. C'est son premier jour d'école, à sa maternelle du XIXe arrondissement de Paris. On est en 1973. Derrière, on entrevoit deux jambes d'homme en costume, une cravate sombre : son père, Gilbert. L'image d'après, le petit garçon tient toujours le même cartable. Il sort de l'école. Il s'arrête, cherche ses parents du regard, inquiet. Puis il voit la caméra. Sourit et sautille vers elle. Stéphane Reynaud (le petit garçon du film) a aujourd'hui 36 ans. Il a récupéré des dizaines de bobines, des Super 8 conservées dans des sachets orange Kodak, oubliées dans le grenier de la maison familiale (un endroit où il aimait fouiller quand il était petit). Puis il est allé frapper à la porte de sa tante, de ses grands-parents. En tout, il a récupéré et fait numériser 50 vieux films, reliques d'une vie de famille heureuse. Et les a offert aux siens. Pour cela, il a fait appel à une entreprise qui surfe sur le filon de la mémoire familiale (lire ci-contre).
Dans son appartement parisien, Stéphane Reynaud, qui travaille dans une agence marketing interactive, fait défiler les images. Il les a mises dans l'ordre, et leur a choisi des titres : «Asquin, Carantec, Barcelonnette» - le fief de son grand-oncle, l'homme politique Paul Reynaud. La vie d'alors semble insouciante, comme quand on s'invente une enfance de coton.
Pitre. A trois