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Libération
Interview

«La fusion n'est pas innée, c'est l'éducation qui l'induit»

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publié le 8 septembre 2007 à 9h33

Gémellologue - spécialiste du développement des jumeaux - et psychologue, Fabrice Bak est chargé de cours à l'université Lyon-II

Naître à plusieurs, est-ce forcément très différent de naître seul ?

Oui, les jumeaux et triplés ont un développement qui leur est bien spécifique. Déjà, parce qu'entre la naissance et l'âge de 2 ans, les contraintes maté­rielles sont tellement fortes pour les parents qu'ils sont obligés de traiter la fratrie comme une entité. Quand l'un pleure, on change les trois. Même avant, au ­stade foetal, il y a une conscience qu'on n'est pas seul : on sent les coups de l'autre, on partage la place.

Pourtant, on rencontre des triplés ou des quadruplés très fusionnels, et d'autres extrêmement indépendants.

A partir de 2 ans, certains parents identifient et mettent en avant les différences : toi, tu es plus casse-cou ; toi, tu préfères le sucré ; toi, le salé. Cette différenciation qui se poursuit tout au long de la vie, est souvent particulièrement revendiquée à l'adolescence. En revanche, si les triplés sont tout le temps habillés pareils, unifiés, valorisés en tant que «trois», ils resteront plus fusionnels. La fusion n'est jamais innée. C'est l'éducation qui l'induit.

Certains disent que l'on devient autonome plus vite quand on naît multiple.

On dit ça pour se rassurer, mais c'est faux. Souvent, jumeaux et triplés ont un retard de langage parce qu'ils ont un mauvais modèle : ils s'appuient sur le frère ou la soeur qui parle tout aussi mal.

Les jumeaux, triplés,