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Libération

Le singulier parcours des enfants multiples

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publié le 8 septembre 2007 à 9h33

Elizabeth, 32 ans, a une façon particulière de parler d'elle, au pluriel : «Notre anniversaire»,«notre mère». Dès les premiers mots échangés, elle l'annonce: «Je suis un quart.» Ne pas naître seul, dit-elle, «est une force. Et une faiblesse». Car pour se sentir vraiment bien, Elizabeth a besoin de ses trois «autres quarts» : Maud, Alexandre et François-Xavier, sa soeur et ses frères quadruplés. Elle pose deux photos sur la table. En noir et blanc, quatre bébés alignés. En couleur, deux femmes et deux hommes qui se ressemblent et sourient. La première évoque la fierté et l'angoisse parentale, les curieux qui défilent, les biberons à la chaîne. Mais que dit la seconde ? Que deviennent les triplés et quadruplés adultes ? Quelle relation gardent-ils une fois qu'ils ne sont plus obligés de tout partager ? Des «multiples» de 20, 30, 50 et 60 ans témoignent.

Jamais seul

Bien qu'il vive loin de son frère et de sa soeur triplés, Loïc, 20 ans, ne se sent jamais seul. «On est très différents, pas du tout fusionnels, pourtant j'ai toujours l'impression d'avoir deux personnes à mes côtés.» Même sentiment chez Florent, Armelle et Josselin, 32 ans. «Ça se voit particulièrement dans les moments diffi­ciles. Quand notre père a eu une grave maladie, on était trois avec le même lien, la même maturité, à affronter la situation.»

Tous les triplés interrogés haïssent la solitude. «Ça a posé problème, ma compagne me ­reprochait la présence permanente d'ami