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Libération
Critique

La ch'tite baraque a la frite

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publié le 15 septembre 2007 à 9h39

Qui n'a jamais croisé une baraque à frites - du Nord s'entend - ne peut comprendre la force de son apparition. C'est la promesse d'un bonheur en barquette qu'annoncent l'odeur de la graisse chaude, le chatouillis du vinaigre et la belle forme oblongue des pommes de terre fraîchement épluchées et reposant dans un seau. Et puis il y a une vie autour de la baraque à frites, agrégat de mémoires, d'habitudes et de séquences aussi minuscules que précieuses que dévoilent les photographies et les textes du Nord de la frite (1). A l'origine de ce livre dont sort la seconde édition, ils furent quatre amis (deux filles, deux garçons) pas ch'ti pour une frite mais tendrement émus par les friteries qu'ils dénichaient lors de leurs week-ends dans le Nord. A l'époque, bien peu de monde aurait parié une fricadelle sur leur projet mais ils persistèrent dans leur «road-friteries», jalonné de témoignages et d'anecdotes, entre Berck-Plage et la frontière belge. Ainsi, on s'arrête chez Bu-Bu à Boulogne-sur-Mer, l'Manouche à Ambleteuse, à la Grignotte au Portel.

«Mi, dans la frite, ch'est pas tant les frites que j'aime. Ch'est l'baraque! Quand elle est ouvert surtout, là ch'est 'core meilleur.», jubile le comédien et metteur en scène Jacques Bonnaffé. Dans l'enfance de Jacques Duquesne, journaliste et écrivain, il y avait deux frites et deux mondes : «Celles de la baraque, débordant d'un cornet de papier graisseux» que l'on pouvait «prendre avec les doigts» et celles