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Libération

«Certains confient ici ce qu'ils taisent à l'extérieur»

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Depuis huit ans au guichet de la salle des prêts sur gage, Murielle recueille objets, confidences et anecdotes.
publié le 2 octobre 2007 à 0h26

Al'annonce de son numéro, une femme en imper s'avance vers le guichet, plonge la main dans un sac pour en sortir des pièces enroulées dans du feutre. Une pelle à gâteau, des couteaux, des fourchettes, des timbales de baptême. Murielle Hönl l'accueille en souriant, tente de capter ce regard qui reste comme aimanté à l'argenterie. La guichetière prend note des différents éléments, en saisit un dans sa main : «C'est du métal argenté», glisse-t-elle à voix basse . Puis elle confie les lots aux assesseurs installés sur leurs établis. A eux d'en estimer la valeur. L'examen sera rapide : les gens qui s'adressent au mont-de-piété ont un besoin d'argent pressant. Pour l'instant, l'assesseur est occupé à sonder une chevalière en or. «Certains bijoux ont tellement été grattés qu'ils ont perdu quelques grammes», note l'employée. La cliente est retournée s'asseoir. Les yeux perdus dans le vide, elle attend.

«Aberrations». Voilà seize ans que Murielle Hönl travaille au Crédit municipal de Paris, dont huit à la salle des prêts sur gage. Un poste d'observation qui lui en dit long sur l'époque. «Même si nous avons tous ici des consciences politiques différentes, il est difficile de rester insensible. Les aberrations du système sont sous nos yeux», glisse-t-elle. Dans la salle, une majorité de femmes. «C'est souvent elles qui règlent les questions d'argent», poursuit-elle . Les clientes viennent «déposer au clou» ce qu'elles ont de plus précieux, le