«Chez ma tante», c'est-à-dire le mont-de-piété devenu Crédit municipal de Paris (CMP), a 230 ans. Pour marquer le coup, le prêteur sur gages a choisi d'inviter mille personnes ayant passé un contrat avec lui à venir récupérer gratuitement leur bien. Pas des toiles de maître ni des colliers de perles, mais des «objets de valeur modeste». De 30 euros, en l'occurrence. Et même si cette figurine en forme de scarabée rapportée de vacances, cette montre en plastique, ou cette paire de boucles d'oreille fantaisie ne les valent même pas, le prêteur fait parfois des entorses quand il y a une urgence. 30 euros, c'est la somme minimum que le Crédit municipal de Paris accepte de prêter.
Cela laisse imaginer la détresse de certains. Ces «clients sociaux», comme les appelle Bernard Candiard, le directeur, comptent parmi les plus précaires.
Deux bouts. «Chez ma tante» ne ressemble pourtant pas à la cour des miracles. C'est autre chose. D'un guichet à un autre, c'est une galerie de portraits, plus ou moins désespérés.
L'activité du mont-de-piété a crû de 35 % en dix ans. Autant admettre qu'il s'agit d'un baromètre de la précarité. «Nous sommes la banque du dernier recours», ajoute le directeur. 10 % des Français n'ont d'ailleurs pas accès au crédit bancaire. «Chez ma tante», les clients sont des personnes âgées à toute petite retraite qui viennent déposer des bijoux, pour arriver à joindre les deux bouts. Des mères de familles abandonnées qui