Que celui qui n'a jamais été baptisé lève la main. Allez, reconnaissons-le, une large majorité de Français a un jour fait trempette dans les fonts baptismaux. Il y a ceux qui le vivent plutôt bien - les catholiques -, ceux qui s'en contrefichent, et il y a les autres. Ceux à qui ça file des boutons rien que d'y penser ou qui rêvent de provoquer Sa Sainteté le pape en duel. Chaque année que Dieu fait, ils sont une centaine à commettre l'acte hérétique ultime : se débaptiser. La démarche est on ne peut plus sérieuse. Il s'agit de devenir un apostat officiel par une simple demande écrite à l'évêché de son lieu de baptême.
Frédéric, ex-baptisé de 45 ans, a commencé les démarches il y a trois ans. «Je suis homosexuel et militant dans une association de lutte contre le sida. Autant dire que j'ai toujours maudit une institution qui méprise les homos et menace l'humanité en condamnant l'usage du préservatif.» Lorsqu'il apprend, au détour d'une conversation entre amis, qu'il est possible de demander sa radiation des registres de baptême, il jubile. «C'était l'occasion de m'engager symboliquement contre l'Eglise, en y ajoutant un petit côté provoc.»
«Enfer». Oui, mais voilà. Le chemin qui mène loin des fonts baptismaux est parfois sinueux. Dans le cas de Frédéric, le diocèse tente la médiation en lui proposant une rencontre avec le curé de son quartier. Un café est pris avec ledit curé, mais le demandeur campe sur ses positions et réitère sa demande, par courrier. Sans rép