Dans les hôpitaux, les cafétérias sont les seuls lieux collectifs, mais l'hôpital ne les aime pas. Et les repousse dans un coin. Ils sont souvent sinistres. Il ne s'y passe rien, on les évite, on y traîne faute de mieux.
Allez savoir pourquoi, mais le Relay de l'Institut Gustave-Roussy (IGR) - le plus gros centre anticancéreux de France, situé à Villejuif, dans la banlieue sud de Paris - est un brin différent. Non pas qu'on s'y sente bien, mais on dirait que tout peut arriver, ou basculer. Le pire comme le meilleur. Le plus émouvant comme le plus désespérant. Situé à l'entrée du bâtiment, ses chaises y sont jaunes, grises, orange, ou vertes. Il y a des tables basses, et un coin avec des fauteuils-canapés. Le croissant-café est à 1,70 euro, et ce jour-là le plat du jour est une paupiette de veau semoule. Prix : 6,90 euros.
Le matin, on hésite, et l'ambiance flotte entre la fin de la nuit et le début du jour. Avec des visages fatigués, des cafés vite avalés, et tout le monde semble pressé. «Tu sais combien sont payées les gardes de réa ? 9OO euros», lâche une jeune interne à un médecin. A côté, une femme sort sa convocation pour une mammographie d'un épais dossier : elle la regarde, et puis d'un coup paraît terrorisée. Et quitte l'hôpital. L'IGR, c'est 400 lits, et par an 152 000 consultations, 11 000 nouveaux patients, et 43 200 en traitement.
Il y a un couple d'âge mur. Ils ne se quittent pas des yeux. Ils attendent, ne se parlent pas. Mais se regardent sans fin. A un mo