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Interview

«La loi du plus fort pourrait s'imposer»

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publié le 21 janvier 2008 à 2h01

La France innove-t-elle lorsqu'il s'agit de conjuguer ville, circulation et sécurité ? Entretien avec Benoît Hiron, chef du groupe sécurité des déplacements et usagers du Certu (Centre d'études sur les réseaux, les transports, l'urbanisme et les constructions).

Avons-nous en France des projets de shared spaces,ces espaces partagés par tous ceux qui circulent, sans feu, sans panneau etc. en misant sur l'attention de chacun et le contact visuel ?

On présente cela comme un nouveau concept très à la mode. Mais rappelons que les feux ou les panneaux ne se sont développés qu'au XXe siècle et que dans les rues du Moyen Age, la notion même de trottoir n'existait pas. Des projets cousins du shared space existent en France, mais avec des différences importantes. Le programme national de recherche sur les transports, mené depuis trois ans, part du principe que nous devons prendre en compte 100 % de la population qui se déplace (piétons, automobilistes.), que ces personnes soient agiles ou plus fragiles. Or que deviennent, dans les villes qui tentent le shared space, les personnes aveugles ou malvoyantes qui ne peuvent s'appuyer sur du contact visuel ? Ensuite, ces expériences supposent que les conducteurs sont très concentrés. Mais quand on conduit, on ne pense pas à 100 % à sa conduite, trop souvent notre esprit est occupé par des problèmes de la vie quotidienne. Je trouve donc délicat de créer des zones de liberté totale où la loi du plus fort pourrait s'imposer. D