Bienvenue au «club des marâtres». Autour d'un café, à Paris, une fois par mois, une dizaine de femmes (la plupart entre 30 et 40 ans) viennent «vider leur sac». Au gré des recompositions, elles se sont retrouvées avec un homme qui était déjà un père. Ici, entre elles, elles se comprennent et se réconfortent. Se lâchent. Derrière des histoires de chaussettes sales ou de devoirs de maths, elles disent les complications de la vie à plusieurs, la difficulté, aussi, de trouver sa place, de ne plus être une «invitée». Belles-mères de toutes les fratries, unissez-vous.
Gabrielle, la quarantaine, mince, parle d'un air détaché. C'est une habituée. Les mots filent doucement entre ses lèvres peintes de rouge. «Il y a dix ans, j'ai rencontré quelqu'un qui avait trois filles, presque ados.»«Ah ! le mauvais lot !», coupe sa voisine. Gabrielle poursuit : «Elles ont aujourd'hui entre 18 et 23 ans. Et elles sont toutes parties de la maison.»«Le pied», poursuit la même. Les deux dernières ont choisi de vivre chez leur mère. «Avec la plus petite, on ne partageait rien, il n'y avait pas de communication. Mon mari s'en fout, trouve que tout est normal.» «Il dit que c'est toi qui as un problème, bien sûr», souffle une autre marâtre. Tout le monde acquiesce d'un air entendu, le coup a l'air classique. «L'aînée va se marier, explique Gabrielle. Est-ce que je vais être invitée ? Est-ce que j'y vais ? Je n'existe pas là-dedans.»
Annabelle,