Devant elles, des dessins de pénis en érection, d'organes génitaux féminins. Elles se passent les brochures de prévention. Un peu embarrassées. Elles sont une demi-douzaine, des femmes maghrébines, souvent installées depuis longtemps en France, à venir chaque semaine dans un centre social parisien. Elles parlent alors du corps, de sexe, de contraception. Et ont beaucoup à dire.
Martine, permanente du planning familial, les encourage. Et ne perd pas une occasion de leur glisser des informations. «Qu'est ce qui protège du sida ?» «Ça» ose Hanane (1), en montrant du doigt un préservatif. «Mon mari va mettre ça ?» s'inquiète sa voisine. «Non, c'est pour tes enfants quand ils vont dehors», dit une autre. «Ou pour le mari s'il va voir ailleurs», complète Martine. Silence. Alima se lance. Elle est arrivée en France il y a quelques mois, pour rejoindre son mari. Elle a trouvé des préservatifs dans ses affaires. Ensemble, ils n'en utilisent pas. Sa voisine justifie : «Il habitait tout seul, ici.» Une autre : «Il ramène ses copines, c'est normal.» Alima dit que cela ne la dérange pas : «Comme ça, je suis protégée.»
Martine enchaîne. «Si le monsieur ne veut pas en mettre, il y a cette solution.» Elle déplie un préservatif féminin, laissant l'assemblée interloquée. «Tu mets la main dedans et tu le rentres ?» s'enquiert une femme. Bahija s'inquiète : «ça fait mal, non ?» Alima s'écrie : «Ça va remonter dans le ventre