«Je suis scandalisée». Cette femme le dit avec force, réagissant avec colère à un article consacré à une étude sur le devenir des grands prématurés (Libération du 7 mars). Cette étude tend à montrer qu'avec cinq ans de recul, près de 40 % des grands prématurés souffrent de séquelles réelles, avec des troubles cognitifs persistants, la moitié d'entre eux ayant besoin d'un soutien médical. L'étude indique également, a contrario, que 60 % vont bien, et vivent en dehors de tout circuit médical.
Parler de qui ? De ceux qui vont bien, ou de ceux qui souffrent ?En termes médicaux, on évoquerait la fameuse balance bénéfices-risques. «Moi, dit cette femme, je fais partie des grands prématurés, puisque je suis née à vingt-huit semaines de gestation. Je ne pense pas avoir un retard mental. J'avais un an d'avance à l'école et je termine mon doctorat. Je n'ai eu aucune trace parce que j'ai été prématurée, bien qu'ayant été réanimée. J'avais en effet perdu connaissance pendant plus de trois minutes (coeur et poumons arrêtés !) J'ai parlé à 11 mois et marché à 1 an. Je connais beaucoup de très grands prématurés, dont mon frère (né à vingt-huit semaines également), qui a également été réanimé à la naissance et est allé en couveuse. Il n'a eu aucun retard.» Et de conclure : «Je ne connais aucun grand prématuré ayant eu des retards. A quoi rime donc cette grande étude ?»
Même son de cloche de la part des parents d'Inès, «née à vingt-sept semaines avec un poids de 650 gr