Peut-être faut-il être un peu juif errant, un peu aventurier, un peu intello tendance épicurienne de gauche, un peu aussi touche-à-tout de la vie pour réussir en si peu d'années, à partir de quelques arpents de vignes et d'un grand poulailler, le meilleur vin israélien : le Castel. Et même, si l'on en croit la «bible» Bettane et Desseauve, l'un des 365 meilleurs crus du monde. A Ramat Raziel, un kibboutz agricole non loin de Jérusalem - à côté du théâtre d'une bataille féroce en 1948 entre forces juives et arabes, où fut tué le célèbre chef palestinien Abd al-Qader al-Husseini -, Eli Ben-Zaken est pourtant le seul vigneron. Les secrets de la vigne, l'alchimie qui permet à un pinard d'échapper à sa condition naturelle de piquette pour s'élever jusqu'au pinacle, il les a apprises en pur autodidacte. En 1992, un peu pour s'amuser, il avait fait un «vin de copains». C'est le succès de la première mise en bouteilles qui l'a incité à le commercialiser. Six cents flacons partent sur le marché en 1995. Divine surprise : l'un d'eux arrive jusqu'au palais de la critique britannique Serena Sutcliffe qui salue le «fantastique tour de force».
«Engouement». En Israël, Ben-Zaken devient l'exemple le plus connu d'une nouvelle passion pour le vin. «Ça fait quatre milles ans que du vin est fabriqué dans cette région», commente Daniel Rogov, critique de Haaretz et auteur d'un guide des vins d'Israël, «mais l'engouement pour les vins date du milieu des année