L'autre soir, on a été accueilli par le parfum de la chorba à la sortie du métro. Ces temps-ci, le ramadan est dans l'air de nos villes, et, avec ce rite pilier de l'islam, se rappelle à nos papilles le goût parfumé de cette soupe que l'on savoure après une journée sans nourriture. Quelque part, une chorba finissait de mijoter, entre chien et loup, à l'heure où les musulmans s'apprêtent à rompre le jeûne. On a commencé par soupçonner notre épicier du coin de la rue. Quand on va se dépanner nuitamment d'une demi-livre de café ou d'une baguette de pain, il flotte souvent chez lui un parfum de plat mijoté qui vous tourneboule le ventre affamé. Ça sent les légumes secs, le cumin, le bouillon de viande et la tomate qui mitonnent dans l'arrière-boutique. Rivé à sa caisse enregistreuse, notre épicier était l'autre soir en train de rompre le jeûne avec un verre de café au lait. La radio gueulait à tue-tête, on se repassait un paquet de Marlboro entre fumeurs-jeûneurs qui savouraient la première clope du soir. La chorba, ce serait pour plus tard et l'on n'a pas osé demander la recette à une assemblée aussi occupée. On n'allait pas non plus se taper la honte en achetant un sachet de chorba déshydratée.
La fameuse soupe nous titillait encore quand l'ami Rachid, chargé de l'accueil à Libération, nous a sauvé de l'ignorance. Il fait le ramadan en famille et il a demandé à sa belle-soeur Sonia sa recette de chorba telle qu'on la prépare dans la région de Mostaganem, en Algérie. Car