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Libération

François, sa femme et le secret médical

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Un comité "cancer et éthique" vient de se constituer.
publié le 23 septembre 2008 à 22h26

François B. est très malade. Il est atteint d'un cancer du poumon. Il a 45 ans, lorsque les médecins lui annoncent qu'il est en situation d'échec thérapeutique. Il se montre catégorique. Et demande à l'équipe médicale de ne rien dire à sa famille. C'est son droit le plus absolu.

Mais ce jour-là, en ressortant de la chambre du patient, les médecins sont interrogés par la femme du malade. Jeune aussi, elle a 40 ans. Et, elle aussi, se montre catégorique. Elle veut savoir, exige de connaître la vérité. Elle explique qu'elle a trois enfants, qu'ils sont petits, qu'il lui faut s'organiser. Et en particulier, elle dit aux médecins que «cette situation rendrait nécessaire pour elle de reprendre une activité professionnelle interrompue depuis huit ans».

Vendredi, le comité «cancer et éthique» que vient de constituer la Ligue nationale contre le cancer a détaillé cette histoire. Ce comité peut être saisi par un patient ou par un médecin, mais le dit comité ne rencontre pas les différents acteurs. Que faire ? La seule volonté de François suffit-elle pour justifier le mutisme des médecins ? Ces derniers, ont-ils le droit de passer outre le souhait du mari, pour satisfaire le besoin de son épouse confrontée à des obligations vitales ? Le professeur Axel Khan, qui préside ce comité, a été clair : le secret médical est absolu. Bon nombre des participants ont insisté sur la nécessité de parler au mari comme à la femme, pour tenter de sortir du blocage. Un membre de la Ligue a raconté