C'est un taulier gaulé sans un pet de gras, tatoué des épaules aux poignets, avec Vlad l'empaleur, sur le biceps, côté coeur, et «Zoe for ever» sur l'avant-bras droit, peut-être bien que votre mère, elle n'aimera pas. Pierre Jancou a le regard brun balsamique qui n'incite pas tout de suite à lui filer une grosse bourrade dans le dos à la «salut Pierrot». Avec sa gueule de magazine, sa trogne de bad boy ripailleur, il est peigné comme un Attila, sapé de préférence éthique et durable, cotonnade, fibre de bambou, tout ça. Vieille Rolex du grand-père et chevalière héraldique, on a affaire à un type brut et doux, carré et droit, qui pense noir ou blanc, jamais gris. Plutôt Kangoo des familles dans le style de vie que prédateur roulant en tapette à souris siglée Carrera.
Routard des fourneaux, militant des vins nature, se définissant comme puriste mais vu par la profession comme plutôt extrémiste, il fut l'aubergiste de la Crémerie, rue des Quatre-Vents, à Paris, VIe arrondissement. Une adresse déjà remarquée pour sa cuisine ménagère pas mégère et ses vins d'artisans de la terre, aux noms bizarres et vivants, volatils et rares, élevés comme des ados récalcitrants à bout de bras sur des parcelles de poupée certifiées «nano» rendements. Il confirme : «Je ne crache pas sur les grands crus, la cave de mon père en regorgeait. Mais je ne supporte pas le jus de bois, le rouge qui triche tout comme de boire de la confiture. J'aime le jus de raisin fermenté, élevé par