L'invitation à visiter «Epidémik, l'expo contagieuse» (1) peut légitimement glacer un hypocondriaque. Mais par devoir professionnel, nous nous sommes rendus à la Cité des sciences de la Villette, à Paris. Après tout, dominer sa peur permettra peut-être de ne pas trop paniquer le jour où une vraie épidémie nous tombera dessus pour de bon. Cette expo n'a pas d'autre objectif avoué que d'informer, prévenir, faire passer des messages sanitaires. Mais sans utiliser de microscope, ni convoquer de prix Nobel. Juste avec des images et des jeux. Patrick Zylberman, l'un des deux commissaires : «En matière de santé publique, l es discours qui tombent du haut d'une chaire de médecine ne marchent pas.» Lui esthistorien de la médecine. Son truc, c'est de raconter des histoires.

Imagination. Lors des récentes vacances de Toussaint, le musée fourmillait de grands-parents avec leurs petits-enfants, de centres de loisirs, de familles du Jura, de la Drôme, de Bretagne : des curieux de partout, se cultivant à l'abri du froid. Difficile de les suspecter d'addiction à l'angoisse ou la peur. C'est pourtant l'une des forces des épidémies : flanquer la trouille et, depuis quelques décennies, faire trembler les humains à l'échelle de la planète. Non seulement la peur est contagieuse, mais elle débride l'imagination. Il en va ainsi à chaque épidémie. Du café du commerce à l'OMS (Organisation mondiale de la santé) en passant par les titres des journaux, chacun y va de sa pré