C'était lors d'un congrès sur la santé mentale, à Paris. Evoquant les progrès des médicaments, un orateur, sûrement bien intentionné, a lâché : «Bientôt, on éradiquera la schizophrénie.» Dans la salle, Claude Finkeslstein, présidente de la Fédération des associations de malades, bouillait de colère : «Éradiquer la schizophrénie… On veut nous éradiquer, mais comment parle-t-on de nous !»
Mercredi dernier, un homme de 56 ans, schizophrène, fugue de son hôpital psychiatrique. Et dans une rue de Grenoble, il poignarde au hasard un étudiant. Aussitôt, le président de la République saute sur l'affaire. Et réclame une réforme, visant «à améliorer la surveillance des patients susceptibles de représenter un danger pour autrui, dans le cadre notamment de la création d'un fichier national des hospitalisations d'office.»
«Peut-être y a-t-il eu mauvaise appréciation des médecins ? Peut-être y a-t-il eu un manque de surveillance, mais la réaction du Président est totalement déplacée. Et surtout, elle ancre cette idée que maladie mentale égale violence, et qu'il faut donc ficher tous ces fous dangereux», explique un psychiatre. Bien sûr, il y a quelques gestes insensés, aussi terrifiants qu'imprévisibles. Mais la nouveauté aujourd'hui est plutôt dans la violence faite aux malades. Et le risque de violence attribuable aux personnes malades mentales est très faible.
En 2003, sur 47 655 personnes mises en examen dans des affaires jugées (crime, délit ou contra