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Libération
Critique

L’oasis du coin de la rue

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Livre. En témoignages et en photos, un hommage aux petites épiceries arabes.
publié le 22 novembre 2008 à 14h57

Ça sent la menthe le jour, la soupe le soir. Ça ressemble à un garde-manger, foutoir bigarré, où les sacs de jute de pois chiches et de couscous flirtent avec les piles de conserves, des ampoules poussiéreuses, des écouvillons qui portent encore parfois des prix en francs. Rassurante nostalgie. L’Arabe est toujours là près de chez soi. Toujours ouvert. Toujours là quand il manque, un dimanche, la farine pour la pâte à crêpes, le café du petit dej’, les couches du gamin. C’est le dépanneur. Mais et surtout, peut-être, notre petit coin de tchatche, de pause en rentrant du boulot, pour s’offrir une petite bière, parler du temps qui sera frais demain, acheter la sucette promise au gosse, régresser en craquant pour un Savane. La rue, subitement, est noire quand, tard le soir, il tire son rideau métallique.

«Ils pèsent plus lourd dans la vie d'une cité que dans le portefeuille», constate l'écrivain Eric-Emmanuel Schmitt dans la préface de l'Arabe du coin (1), livre-hommage à tous ces hommes «venus d'ailleurs pour nous proposer le nécessaire et le superflu». Comme le souligne l'auteur de Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran : «Paradoxal, n'est-ce pas, qu'un peu partout dans le monde, l'esprit d'un lieu soit incarné par quelqu'un qui vient d'ailleurs ? Tel un marin après de longs et mystérieux voyages, l'épicier a jeté son ancre dans la rue.»

En photos et en témoignages, l'Arabe du coin, d'Alexis Roux de Bézieux et Thomas Henriot, tire, à Paris, le portrait de