Près de sa table d'examen, le docteur Jean-Vital de Monléon a accroché un planisphère avec des points de couleur désignant les pays d'origine des 1 400 enfants adoptés qu'il a reçus en consultation. Ce pédiatre du CHU de Dijon est à la tête de la plus importante des consultations d'orientation et de conseil pour l'adoption (Coca). Parmi les familles qui débarquent pour la première fois dans son cabinet, 5 % viennent pour un projet d'adoption, 50 % pour un bilan d'arrivée en France d'un enfant adopté et 40 % pour un problème précis. Le pédiatre les reçoit en évitant la stigmatisation et la banalisation de l'adoption. «La stigmatisation, c'est, quand un gamin travaille mal à l'école, qu'on se dit que c'est à cause de l'adoption. Mais il ne faut pas non plus nier que ce sont des enfants qui peuvent avoir vécu des souffrances antérieures à leur adoption.» Le temps d'un après-midi de consultation, rencontre avec ses jeunes patients et leurs parents (1).
MARIE, 5 ANS
Marie veut monter sur la table d'examen. «Tu es toujours aussi vive», constate Jean-Vital de Monléon, qui s'adresse à sa mère : «Avec son frère, comment ça se passe ?» «En ce moment, c'est chacun de leur côté. Son frère est hard. Elle est de bonne composition, elle se méfie aussi. Elle sait qu'il est capable de grandes colères.» Le médecin examine la petite fille. «Elle est immense. Il faut lui faire une radio de l'âge osseux. C'est une radio de l'os de la main.» Marie, née au Mali, es