Des enfants qui butent sur les apprentissages scolaires, des adolescents en crise qui inquiètent leur entourage. Sur les conseils d’un enseignant, d’un médecin scolaire ou d’un assistant social, leur famille est aiguillée vers l’un des 306 centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP) de France. Aujourd’hui, 180 000 enfants s’y rendent régulièrement, soit la moitié des cas suivis en pédo-psychiatrie ambulatoire. Certains sont très jeunes (moins de 3 ans), d’autres ont 20 ans (la limite). Beaucoup ont autour de 10 ans.
Ces consultations sont totalement prises en charge par l’assurance maladie. On y reçoit les enfants en équipe : psychiatres, psychologues, orthophonistes, psychomotriciens, et psychopédagogues confrontent leurs points de vue. C’est sans doute ce qui distingue le plus une consultation dans un CMPP de celle d’un cabinet.
Entretien avec Tristan Garcia Fons, responsable de la commission scientifique de la Fédération des associations nationales des CMPP, et directeur de celui de Montreuil (Seine-Saint-Denis).
La profusion d’ouvrages et de dossiers sur le mal-être des enfants et des adolescents vous semble-t-elle justifiée ?
On a aujourd'hui tendance à considérer l'enfant soit comme une victime, soit comme un danger. On voit des troubles partout, on leur donne des noms nouveaux, et cette «novlangue» crée surtout des carcans. Les parents arrivent en consultation en annonçant «mon enfant a des TOC» ou «mon enfant est hyperactif». Ces nouvelles appellations entrent dans le langage commun. Or, un enfant dit hyperactif est peut-être simplement un enfant agité parce qu'anxieux. L'