S'il ne fallait emmener qu'un livre gourmand sur une île déserte, ce serait peut-être celui-ci: le Vrai Goût de New York (1). Débusqué non loin d'un sapin de Noël, on n'en finit pas de tourner et de retourner ses pages, perdu dans la contemplation de la vitrine d'une épicerie italienne du Bronx, d'une boutique de caviar et de poissons fumés de Little Odessa et d'une pizza à la mode sicilienne de chez Spumoni Gardens.
Pourquoi tant d'engouement? Parce que le Vrai Goût de New York vous rappelle magistralement une évidence: derrière les nourritures des hommes, il y a leurs histoires, leurs racines. Qui mieux que cette ville avec ses vagues d'immigration successives peut raconter ses petits bouts de soi que sont une recette, un plat ou un ingrédient embarqué dans le baluchon d'une mémoire exilée. Terre natale. En détaillant la recette des «Harengs frits à la russe», du «Sandwich au pastrami» ou de la «Tortilla roulée au boeuf», on songe à ces millions d'hommes et de femmes débarqués à Ellis Island qui se mettaient à table ou aux fourneaux pour retrouver le goût de leur terre natale. Ce sont eux qui font la saveur de New York, affirme Jean-Louis André, coauteur du livre: «Construite une pierre après l'autre par des déracinés venus de tous les continents, la "ville-monde" a fini par mêler toutes les saveurs qui composent son histoire. Elle a fait pot commun pour inventer ce que l'on appellerait, chez nous, un "terroir".»
Ce livre est aussi une célébration