Voilà un légume que les mots maltraitent plus souvent qu’ils ne le chérissent. Passent encore «le bout de chou» ou le «mon petit chou» un brin régressifs, mais le chou renvoie le plus souvent à une potée d’expressions peu gratifiantes : «Etre bête comme chou», «Etre dans les choux», «Ne rien avoir dans le chou», lire «une feuille de chou», «Faire chou blanc», «Rentrer dans le chou».
Pourtant, on est franchement injuste avec ce légume-feuille de la famille des crucifères car il est doté d’une qualité aussi rare qu’essentielle : le chou nous fait aimer l’hiver. Celui des jours gris qui nous font prendre le riz et les pâtes pour des légumes, des étals tristes où l’on hésite entre une poignée de navets rabougris, les inévitables pommes de terre et ces légumes venus d’ailleurs (courgettes, tomates, haricots verts…) dont on se demande s’ils ont vu un jour la couleur de la terre avant de faire exploser leur indice de carbone à coup d’avions-cargos ou de camions frigorifiques.
«Roi d'hiver». Rien de tel avec le chou. C'est un vaillant qui supporte les basses températures et mérite ses différentes appellations : «Roi d'hiver», «Pointu d'hiver», «Vaugirard d'hiver». Vous débusquerez peut-être l'un d'entre eux au fond d'un potager, pommé et un peu paumé aussi parmi les rares végétaux survivant aux gelées. A moins que vous ne rameniez du marché un beau chou pommé de Milan. Il faut le choisir lourd et dense avec des feuilles bien vertes serrées autour du cœur. Ne vous lais