La poupée ressemble à s'y méprendre à un nourrisson en chair et en os… Quand son «bébé» pleure, Jessica sait exactement ce qui va le calmer. Cette fois-ci, le baigneur a faim. Patiemment, la jeune «mère» s'arme d'un biberon. Le repas semble interminable. Mais au bout de quelques minutes, le «bébé» glougloute de plaisir. Jessica, 16 ans, est élève au lycée Rudolf-Virchow de Marzahn, à l'est de Berlin. Comme plusieurs de ses copines, elle a voulu participer, avec l'accord de ses parents, à un projet de son école, destiné à lutter contre les grossesses juvéniles. Initié par l'une des assistantes sociales de l'école, ce projet est importé des Etats-Unis. «Au début, je voyais bien que certains secouaient la tête en se disant qu'on n'a pas besoin de reprendre n'importe quelle bêtise qui vient des Etats-Unis, se souvient Anette Rätz. Maintenant, plus personne ne sourit.»
Mur. Les barres de béton de Marzahn raient l'horizon. Le quartier bâti à la fin des années 70 pour les «privilégiés» du régime abrite depuis la chute du Mur une importante population issue de l'ex-bloc soviétique. «Le chômage est très élevé, constate Anette Rätz, et les problèmes sociaux considérables. Ici, nous avons beaucoup de mères seules, de pères alcooliques. Le nombre de grossesses juvéniles est en augmentation.» D'où l'idée des poupées de style Tamagotchi, sorte de bébés grandeur nature que les élèves volontaires se voient confier pour cinq jours.
«Douz