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Libération

Au loulobem et qu'ça saigne

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Un livre pour acheter votre gigot de Pâques en parlant l’argot des bouchers.
publié le 11 avril 2009 à 6h51
(mis à jour le 11 avril 2009 à 18h10)

Alors comme ça, samedi, vous allez courir chez votre boucher pour le gigot de Pâques. Faites gaffe à ce que l’on ne vous refile pas de la «bécasse», de la «berbis», du «hotu» ou du «lampignol», car sinon il y a de forte chance pour que votre «loucherbem» soit un «bouchaillon», qui vende de la «glène» et vous prenne pour un «loirpem». Gare aussi à votre «larfeuille» car, en ces temps de crise, vous n’avez pas envie d’en avoir pour «une sonnette». Trêve de jargon. Si, vous aussi, vous ne causez pas le «louchébem», précipitez-vous sur le saignant opuscule de David Alliot dédié à l’argot des bouchers (1). Vous y découvrirez un langage aussi fleuri qu’une tête de veau avec persil dans les oreilles et les naseaux. L’argomuche des bouchers conjugue à la fois un lexique professionnel très ancien qui remonte au Moyen Age et un langage dont l’origine dialectale se confond avec celle du «largonji», l’argot des brigands.

«C'est probablement au sein des abattoirs de la Villette, au début du XIXe siècle, que l'argot des bouchers est né, écrit David Alliot, lui-même fils de louchébem. Le louchébem s'est certainement implanté dans le grand abattoir parisien par l'embauche de quelques apaches [des voyous,ndlr]». Comme tous les argots professionnels, il permet de se faire comprendre entre gens du métier, tout en restant indéchiffrable pour le commun des clients. Pratique quand on veut se payer la tête d'un «lameauchicas» ou dire tout le mal qu'on pense d'un «lonque