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FOODINGUES

Les asperges à la pointe du plaisir

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(Balise42 / Flickr)
publié le 30 avril 2009 à 6h51
(mis à jour le 30 avril 2009 à 6h51)

C’est un souvenir de dimanche printanier. Ciel de giboulée, bise secouant les bourgeons. On s’en allait déjeuner chez une vieille tante que longtemps on crut inusable tant elle faisait preuve de constance dans ses menus dominicaux : en plat principal, elle préparait immanquablement un gros poulet de ferme à la peau mordorée qu’elle vous laissait entrevoir à l’orée de son four antédiluvien où elle faisait subir grand feu à l’impétrant en l’arrosant de son jus de cuisson.

Mais avant, l'entrée était forcément de saison. Ainsi entre Pâques et la Pentecôte, Tante Germaine se faisait un devoir de servir des asperges qu'elle se procurait auprès d'un maraîcher d'Auxonne (en Côte-d'Or, prononcez «Aussonne») et qu'elle présentait dans une immuable mise en scène : des fagots d'asperges minutieusement enroulées dans des tranches de jambon à l'os agrémentées d'une mayonnaise maison.

On eut beau la supplier de nous servir le légume nouveau dans son plus simple appareil, Tatie n’en démordit jamais : l’asperge ne pouvait se suffire à elle-même pour nos copieux appétits. Ce n’était pas un hors-d’œuvre mais un rituel que de déguster dans un silence gourmand ces belles pointes fondantes entre une gorgée de Riesling et un morceau de pain frais consciencieusement égaré dans la mayonnaise.

Adjuvants. La semaine dernière, à la vue d'une belle brassée de tiges blanches dressées sur un étal de primeurs, le goût des asperges de Tante Germaine nous revint en bouche et avec lui c