Menu
Libération

Maigret, sa pipe, sa tarte au riz et son navarin d’agneau

Article réservé aux abonnés
Chronique. LES FOODINGUES. Chaque jeudi, réveil des papilles.
publié le 7 mai 2009 à 6h51
(mis à jour le 7 mai 2009 à 6h51)

C'est un plat que l'on se plaît à humer dès la cage d'escalier, le palier ou le vestibule avant d'accrocher nos habits de lassitude à une patère solitaire. Parfums de viande et de légumes longuement mijotés. On s'avance vers le rai de lumière qui filtre dans l'embrasure de la porte de la cuisine, réjoui à l'idée de soulever le couvercle de la cocotte en fonte. Car le navarin d'agneau qui y cuit est beaucoup plus qu'une figure imposée de la bonne cuisine ménagère. C'est une atmosphère, une intimité des goûts et du savoir-faire culinaire qui dépassent la simple recette. «La bonne cuisine, c'est le souvenir», affirmait Georges Simenon qui transmit à son personnage emblématique, Jules Maigret, son solide appétit et son goût prononcé pour les plats du marché et du terroir.

Fricot. Alors quand revient le temps des légumes nouveaux (navets, carottes, petits pois, fèves, haricots verts), on songe avec délectation au navarin printanier que l'écrivain mettait au menu de son commissaire du 36, quai des Orfèvres : combien de navarins d'agneau, de fricandeaux à l'oseille, de haricots de mouton, de blanquettes de veau, de tripes à la mode de Caen régalèrent Jules Maigret dans 75 romans et 28 nouvelles ? On aurait aimé soutirer quelques recettes à son épouse dans la solitude de sa cuisine, au 132 du boulevard Richard-Lenoir où madame Maigret remisait son fricot quand son mari, retenu par une affaire, préférait se faire monter au bureau des sandwichs et de la bière.