Au creux de l’hiver, sur un gibier, c’est un vin qui redonne le moral. Aux beaux jours, rafraîchi sur une côte de bœuf, c’est le paradis vinifié. La cuvée se nomme bizarrement«Champagne», du nom d’une parcelle de l’appellation fleurie travaillée par Jean-Louis Dutraive, vigneron beaujolais. Un climat précis où la terre est mêlée de décompositions granitiques, ce qui donne au vin plus de minéralité.
Arômes. La famille Dutraive était dans le raisin depuis quatre générations lorsque le père a racheté, en 1969, le domaine de la Grand'Cour, que l'on avait repéré voilà quelques années, en goûtant à l'aveugle un millésime 1985 que toute l'assemblée avait pris pour un vieux bourgogne. Un régal. On dit des bons beaujolais qu'ils «pinotent» en vieillissant dans les bons millésimes : ils prennent des arômes de pinot noir, le cousin bourguignon. C'est le cas de ce gamay que Jean-Louis Dutraive récolte assez mûr sur la parcelle Champagne (1,5 hectare sur les 10,7 du domaine).
Le vigneron, qui travaillait déjà proprement, sans engrais ni pesticide, est à présent en conversion bio. Ses rendements sont faibles : vingt-cinq hectolitres à l’hectare en moyenne sur ces vieilles vignes (70 à 80 ans). Le raisin est ensuite travaillé à l’ancienne, comme chez Marcel Lapierre, Jean Foillard ou Yvon Métras, en morgon et fleurie. Des vignerons qui tournent le dos aux levures artificielles, aux cuvées surchauffées, pour privilégier une vraie vinification beaujolaise. La récolte est plong