La masturbation est une affaire sérieuse. Disons qu'elle peut l'être. Voilà en tout cas un ouvrage scientifique très porté sur la chose, pimenté d'une préface de Brigitte Lahaie qui préfère parler de «caresse intime» et préconise la pratique de cet acte solitaire : «Se masturber, n'est-ce pas finalement un acte démocratique qui, en nous épanouissant et en nous déculpabilisant vis-à-vis du sexe, nous permet d'aspirer à une société meilleure ?» (rien de moins). Passé ces pages folâtres, la Petite histoire de la masturbation écrite par un médecin (à partir de sa thèse universitaire) et un psychiatre (1) s'ouvre sur une défense et illustration de la paluche : «Ne dites pas de mal de la masturbation, après tout, c'est une façon de faire l'amour avec quelqu'un qu'on aime» (Woody Allen). On sait ce qu'en pensent les religions monothéistes, l'originalité de cet opuscule est de retracer, cette fois, ce qu'en ont dit les médecins.
Et Diogène s’astiqua sur l’agora
Objet de plaisanterie, de dérision, la masturbation n'est pas prise très au sérieux, dans l'Antiquité. Elle n'est pas non plus sujet d'anathème. Dans les écrits médicaux, on trouve seulement deux traités sur le sujet. Son auteur, Galien, un médecin de l'époque romaine raconte : Diogène, philosophe grec du IVe siècle, adepte de l'austérité fut condamné pour s'être masturbé sur l'agora. Ayant besoin de se décharger, le philosophe avait fait appel à une prostituée qui tardai