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Addictions : s’en sortir tout seul

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Santé. Près d’une personne dépendante sur deux arrive à décrocher sans soutien médical.
publié le 3 juin 2009 à 6h52
(mis à jour le 3 juin 2009 à 6h52)

C'est une réalité qui ne cesse de secouer le petit monde des addictologues : près d'une personne sur deux décroche de sa dépendance sans avoir recours à une aide extérieure, et quel que soit le produit consommé - cocaïne, héroïne, alcool, tabac, etc. Ce phénomène porte un non, le self change ou la rémission naturelle sans traitement. C'est une telle énigme pour tous les professionnels qui réfléchissent aux moyens d'aider des toxicomanes que désormais tout colloque d'addictologie se penche sur la question. En Europe comme ailleurs.

Modestie. Mais c'est aussi une question taboue : si on peut guérir seul d'une maladie, à quoi servent les médecins ? Beaucoup le vivent comme une remise en question et se vexent, quand d'autres se réjouissent tout simplement. Pour les sceptiques, «la tentation est grande de semer le doute dans l'opinion, en insinuant que si des gens se débrouillent par eux-mêmes, c'est peut-être qu'ils n'étaient pas si dépendants que ça. Ou qu'ils ont reçu une aide sans l'avouer», épingle Philippe Batel, addictologue à l'hôpital Beaujon, à Clichy.

La compilation récente de 39 études scientifiques internationales, menée par un médecin suisse, Harald Klingemann, est pourtant sans appel : les rémissions naturelles sont les plus fréquentes. Mieux,certaines personnes parviendraient même, au bout de plusieurs années, à consommer avec modération la substance qui leur posait problème. De quoi écorner le dogme de l'abstinence totale comme se