C’est un confetti de verdure coincé à la verticale du périph. Trois herbes folles, deux chardons en fleurs, une vigne courant sur un grillage et un cerisier. Pas un arbrisseau ou un sauvageon. Non, un vrai cerisier avec de beaux fruits formés mais pas encore mûrs, insolent de végétation au milieu de cette gangue de béton. C’est sûr, on y reviendra dans les beaux jours à cette porte de Paris picorer les fruits de cet arbre franc-tireur entre les murs antibruit et les panneaux publicitaires. Car on l’aime bien le cerisier qui fait un peu figure de rescapé des fortifs, de dernier des Mohicans dans la friche urbaine. On continue de se demander s’il est arrivé là par la volonté d’une main verte ou le hasard du noyau d’un mangeur distrait ou d’une fiente de corneille.
Clafoutis. Et puis, indice supplémentaire de sympathie, bien avant l'accrobranche, il y avait le cerisier. Si, si, souvenez-vous, les cerises étaient encore meilleures quand elles étaient mangées sur l'arbre. Car vous pouvez gauler les pommes ou les noix, mais pour une poignée de burlats ou de griottes, il faut s'exposer au vertige ascensionnel du maraudeur. C'est une autre caractéristique de ce fruit : on aime grappiller, picorer la cerise, plus que la pomme ou la prune. Avec une gourmandise pouvant valoir contravention (article 331-2 du code forestier) quand le cerisier et ses fruits sont propriétés d'autrui. C'est dire l'ampleur de la faute en ces temps de loi anticagoule.
A défaut de s’exposer aux