Hyperactivité ou déficit d’attention, faut-il les dépister au plus tôt pour éviter à l’adolescence des conduites à risques ? Peut-on repérer chez un jeune turbulent le futur fauteur de troubles ?
Dans sa loi de prévention de la délinquance, Nicolas Sarkozy aurait aimé le faire dans la foulée d’un rapport de l’Inserm (1) qui préconisait en 2005 un dépistage systématique et précoce des enfants perturbateurs. Tollé des professionnels, pétition de 200 000 signatures, création du collectif Pas de zéro de conduite pour les enfants de 3 ans.
Une psychanalyste spécialiste de la petite enfance, Sylviane Giampino, et une neurobiologiste de l'Institut Pasteur, Catherine Vidal, se joignent pour souligner le danger à diagnostiquer précocement ces troubles et réfuter tout déterminisme biologique. «La prévention des pathologies dès la petite enfance est récupérée par les approches sécuritaires et des conceptions naturalistes de l'enfant», affirment-elles dans Nos enfants sous haute surveillance qu'elles viennent de publier (2).
Pourquoi est-il contestable de détecter un «trouble des conduites» chez les très jeunes enfants ?
Catherine Vidal : Aux Etats-Unis, certains courants de la psychiatrie ont inscrit dans leur classification de nouvelles pathologies des enfants : «trouble des conduites», «opposition avec provocation», «hyperactivité et déficit d'attention». La question se pose de savoir si ces comportements, qui relèvent le plus souvent pour nous du développement normal d'un enfant, sont ou non pathologiques. Car s'il y a pathologie, il y a recherche