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Libération

Le liseron ou l’hydre de l’herbe

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Le bon plant
publié le 11 septembre 2009 à 0h00

Chers amis de la corolle et du pétale, fines âmes que la courbe d’une hampe met en émoi : courage, fuyez ! (revenez, SVP, la semaine prochaine, on vous chantera les bonheurs du jardinage comme il se doit dans cette chronique à ce sujet dédiée.)

Cette fois, cette première fois, on va vous raconter une histoire de harcèlement, d'éradication, de lutte entre l'homme et la plante. Une histoire de chair et de sève. Tel est le devoir imposé par l'actualité dont nous avons été témoin dans le jardin du Museum national d'histoire naturelle à Paris (MNHN), connu sous le nom de Jardin des plantes. C'est en ce lieu éclairé par la science que nous promènerons, chroniquement, notre œil vif. Nous y serons à l'affût des gestes et savoirs qui font de ces 23,5 hectares urbains un jardin d'élection, et cela «sans herbicides ni insecticides chimiques, désormais proscrits, seuls les fongicides restent licites», nous a prévenus le directeur du Jardin des plantes, Eric Joly.

C'est donc là, à l'ouest du jardin, dans le lopin dévolu à l'Ecole de botanique, par-delà un rempart de cucurbitacées sauvages en folie, que nous avons vu, en ce matin de septembre, Sophie Deschamps, jardinière quinqua, plongeant et replongeant les dents acérées de sa fourche-bêche dans la terre innocente d'une plate-bande nue. A chaque remontée de l'outil, un jeune plant tendre est explosé, racines à l'air, la tige laiteuse rompue, direction la fosse commune, le tas de compost. «Ça repousse tout le temps, c'est infe