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Libération

«En dix minutes, on oublie qu’on est nu»

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Jérôme Jolibois, 44 ans
publié le 14 septembre 2009 à 0h00

Jérôme Jolibois, 44 ans, a initié à Bruxelles la Cyclonudista - une manifestation de cyclistes nus réclamant davantage d’espace pour le vélo dans la ville (cinquième édition en juin 2009) - et participe souvent à celle de Londres.

«Se mettre nu dans la ville reste quelque chose de pas banal, et je crois même que c’est l’un des derniers tabous de nos sociétés. On peut imaginer parler de sexualité à bâtons rompus, envisager des partouzes et des sexualités très libres, mais la simple nudité au sein de l’espace public, sans l’associer à la sexualité, ça ne passe toujours pas et ça me sidère. Donc, quand je participe, nu, à une manifestation de vélo à Bruxelles, Londres ou Paris, mon intention est double : revendiquer plus de place pour le vélo en ville et faire tomber des barrières autour de la nudité.

«Dans ce genre de manifestations, le noyau des naturistes auquel j’appartiens aide les autres à se désinhiber, comme par un effet d’entraînement. Je comprends que ça puisse être difficile d’enlever ses habits en ville, sous le regard du public. Certains osent le faire à condition que la manifestation n’ait pas lieu dans la ville où ils vivent. Et, à la dernière minute, on a toujours des surprises : celui qui semblait bien décidé, finalement, n’y arrive pas et renonce. Et, à l’inverse, d’autres, qui disaient "Je vous accompagne mais je resterai habillé", changent brusquement d’avis et se déshabillent. En fait, il faut arriver à s’affranchir du regard des autres, à surmonter sa craint