Qui a un jour placé des caméras dans des crèches non pour surveiller les petits mais pour vérifier que les adultes ne traitent pas différemment les garçons et les filles ? Qui a étudié les femmes dans la littérature avant même que ce genre de recherches ne voient le jour dans les universités américaines ? Qui a institué un secrétariat national de la Recherche sur le genre, dès 1996 ? Quel pays a mis sur pied un Institut du livre pour enfants qui tient des statistiques sur le sexe des auteurs et des personnages ? Les Suédois, qui ont pour héroïne nationale une forte fille nommée Fifi Brindacier, et une saine obsession : celle de l’égalité des sexes. Leur intérêt pour la chose est précoce. Et indéfectible. De quoi filer quelques complexes, ici.
Aujourd'hui, dans presque toutes les universités suédoises, on trouve des centres de recherches sur le masculin et le féminin. Dans les années 70, «leur travail consistait en activités clandestines, souvent bénévoles et sans moyens, a retracé Eva Söderberg, maître de conférence en littérature comparée. Aujourd'hui, leurs activités sont reconnues, et il y a des moyens.» Elle-même appartient à un forum multidisciplinaire et a créé un réseau de «recherche sur les filles, les fillettes, les nanas, les nénettes et les jeunes filles». Une quarantaine de chercheurs y étudient aussi bien «les filles qui font de l'équitation, le comportement autodestructeur chez les filles, la culture du skateboard chez elles ou les filles issues de