«L'intention de cette députée [Valérie Boyer, lire ci-contre] est noble, mais coller une étiquette "corps retouché" ne suffira pas à déconstruire l'idéologie du corps parfait. En l'occurrence, un corps mince, dynamique, actif. Ce sera toujours ce corps-là qu'on montrera, même accompagné de sa petite pastille.
«L’intérêt de cette proposition, c’est de dénoncer l’uniformité de l’image. Mais cela ne libérera pas des normes de l’esthétique médiatique. Est-on prêt à publier des photos de femmes qui ont du poil aux jambes, des corps de gens âgés, ou ceux d’obèses ? Ils n’ont pas leur place dans les magazines et la publicité. Ils sont invisibles. Et pourtant, il suffit de prendre le métro pour constater la richesse des corps qui nous entourent. C’est comme si l’on vivait dans des mondes parallèles : il y a l’image standardisée, et la réalité.
«Seul le photo-reportage montre encore des gens pas spécialement beaux, pas spécialement gros, ni minces non plus, mais la diversité des corps et des apparences. Le cinéma aussi ose parfois sortir de la ligne esthétique. Pas la télévision : quand elle diffuse un énième reportage sur les anorexiques par exemple, c’est pour s’en servir comme contre-modèle, pour mieux confirmer la validité du standard, ramener les gens dans la ligne médiatique.
«Et si la télé s’aventure sur la diversité des corps, le commentaire est toujours le même : du piercing, mais pas trop ; des tatouages, à condition de pouvoir les enlever ; des kilos mais modérément…