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FOODINGUES

Girolle et j’y reviens

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Les foodingues. Chaque jeudi, passage en cuisine et réveil des papilles.
Girolles. (Randomduck / Flickr)
publié le 1er octobre 2009 à 0h00

Ce n’est pas tous les jours que l’on hume pareil parfum. Pensez donc, un fumet de sous-bois mouillé, de riche humus en plein Paris qui vous fait chavirer, là, au bord du boulevard : la girolle est de retour chez notre primeur. On l’a sentie débarquer la semaine dernière de Sologne, frêle chapeau jaune dardant dans sa petite barquette en carton. Chaque automne, la girolle nous procure une irremplaçable jubilation, un morceau brut d’appétit, quelque chose qui nous rappelle un réjouissant retour de pêche avec une friture d’ablettes. Pour elle, on serait capable de prendre une carte au Club mycologique vosgien, histoire de fricoter avec les érudits de la morille et du lactaire pour entrer dans le secret des bons coins à champignons.

Quête. Mais au fait, comment faut-il l'appeler cette guest-star de l'omelette, cette danseuse du rôti de veau, cette diva de la poêlée : girolle ? Chanterelle commune ? Jaunotte ? Crête-de-coq ? Chevrette ? Il y a peut-être autant d'appellations pour la Cantharellus cibarius que de forêts et de prés à champignons.

Mais pour nous, elle restera toujours la jaunotte de l’enfance et chaque fin d’été, en contemplant les girolles exilées à la ville, on se remémore une virée belle comme dans un roman de Mario Rigoni Stern (1). C’est une route forestière jalonnée de colonnes de pierre grise qui ondule entre futaies et taillis. La 4L paternelle ronronne dans la brume du petit matin et l’on tourne à droite à la troisième colonne avant d