Le temps qu'on se mette péniblement à écrire cet article, il s'en sera vendu une toutes les six secondes. Le temps qu'on finisse, au moins un homme (ou une femme) aura pesté à en regretter d'avoir préféré une virée dominicale chez Ikea à la messe. Contre la vie en kit en général. Dans le détail, contre les chevilles en bois («c'est normal de forcer» ?), les zigouigouis du mode d'emploi («merde j'ai mis le panneau 3 à l'envers, faut tout que je redémonte ?»), l'angoisse du solide («ça va tenir ce truc ? Ils disent qu'il faut la fixer au mur, mais j'ai pas de perceuse !»).
Le temps que cet article soit publié, des hordes de mâles nourris à l'Almanach Vermot auront couiné «dans quel état j'erre ?» mais l'étagère mythique, la vraie, l'unique, la Billy fêtera son anniversaire. Demain, la célébrissime bibliothèque au nom de hors-la-loi, aura 30 ans.
Berceau. Et alors ? Eh bien Billy, avec ses 41 millions d'exemplaires vendus dans le monde au compteur, est un best-seller. Notamment en France. En guise de bougies, le géant suédois qui se pavane en jaune et bleu en sort deux éditions limitées : Billy Kawaï couverte de mangas japonais et Billy Philo graffitée de sonnets de Shakespeare. Autant dire le kit parfait pour ados. Mais pourquoi, comment un tel succès ? «Economique (à partir de 35 euros), fonctionnelle, esthétique, et robuste. Dans la version 40 centimètres, ses tablettes peuvent supporter jusqu'à 15 kilos de livr