Un attaché-case à la main, Grégoire, 16 ans, traverse Paris à toute berzingue. Comme chaque mercredi, et parfois aussi le samedi, il a rendez-vous. Sa mère est prévenue : il sera injoignable entre 14 heures et 18 h 30.
Au fond d'une boutique siglée «Games workshop» (il s'en crée de plus en plus en France), Grégoire déballe le contenu de son attaché-case : des petits soldats armés de lance-flammes, javelots, mortiers. Ses «warhammer». Des figurines minuscules, mi-médiévales, mi-futuristes qu'il peint, pièces après pièces, depuis des mois.
Autour de lui, que des garçons. La plupart collégiens. Bracelets de cuir, tee-shirts noirs de préférence, gothiques, hard rock. Regards aimantés à la table de jeu, ils placent leurs armées, lancent les dés. C'est parti. Extraits : «A ta gauche du mètre, t'es droit. C'est une grosse galette, ça ? J'ai 24 PS de portée, ça fait quand même deux tours.» Un langage codé ? Presque : du warhammer dans le texte. Des parents s'en agacent. «Mon père croit que je suis taré, dit Victor, 14 ans. En plus, il trouve que les warhammer, c'est cher.» Acquiescement général. Une stratégie pour constituer une armée à moindre frais ? S'en faire offrir à chaque Noël et anniversaire. Victor y passe «toutes (s)es économies,depuis la 6e». Niels rachète «moitié prix» des figurines de copains qui veulent débarrasser leur chambre.
Quoi ? Vendre ses warhammer ? C'est sacrilège pour Sander, 11 ans. Mitaines noir