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Libération

Sexe et saxifrage

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publié le 9 octobre 2009 à 0h00

On a rencontré le saxifrage dans le jardin alpin du Muséum national d'histoire naturelle, à Paris. Un jardin aussi mystérieux que celui d'Alice, puisqu'il faut, pour y accéder, emprunter un étroit passage escamoté sous le jardin des Plantes. Vous débouchez alors dans le fossé creusé par l'ancienne carrière de l'abbaye de Cluny, et miraculo ! vous voilà randonnant entre nanovallées, mini-torrents et microfalaises. C'est là, dans ce bout de nature où croissent 2 000 espèces montagnardes, que Michel Flandrin, jardinier maître du lieu, nous a présenté au saxifrage, le nain bien-aimé des jardins de rocaille : une plante couvre-sol dont les fleurs en étoile blanches, roses ou rouges étincellent au printemps au bout de leur gracile hampe.

Saxifrage ? Le nom ne doit rien à la fragrance du sexe. Du latin saxum (rocher) et frangere (briser), il décrit l'aptitude de cette herbacée à jaillir des anfractuosités. «Le jardinier s'estime victorieux quand le saxifrage forme un tapis colonisant sa rocaille», relève Michel Flandrin. Un tapis longue durée car le saxifrage est vivace : «C'est le cas de la plupart des plantes d'altitude. Etre vivace plutôt qu'annuelle ou bisannuelle, c'est se donner plusieurs années pour réussir sa reproduction sexuée, celle qui fournit des graines et de la diversité génétique.» Michel Flandrin, 51 ans dont vingt-sept de pratique botanique, est incollable sur la chose. Tout s'éclaire. Quand on vit dans la monta