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Libération
Interview

«Ce qui est bon doit être beau»

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Nicoletta Diasio . anthropologue, décrypte les habitudes culinaires des jeunes :
publié le 12 octobre 2009 à 0h00

Nicoletta Diasio, anthropologue (1), est l’une des directrices scientifiques du projet de recherche AlimAdos.

Votre discours sur l’alimentation des ados paraît beaucoup plus détendu que ce que l’on entend d’ordinaire ?

En confrontant le discours ambiant aux pratiques réelles, nous nous sommes aperçus que l’équivalent adolescence et malbouffe était faux. Certes, il y a dans leur alimentation des hamburgers, des sodas, des pizzas, mais seulement en partie. Dans la réalité, les situations sont tellement variées que leur alimentation est très diversifiée. Par certains côtés d’ailleurs, on peut parler d’une gastronomie adolescente.

A quoi ressemble cette «gastronomie adolescente» ?

C’est une recherche du goût, du plaisir et du beau, qui passe par une créativité dans les assaisonnements ou l’expérimentation de mélanges de saveurs. En outre, à leurs yeux, ce qui est bon doit être beau. Donc ils cherchent à décorer les gâteaux, ils soignent les amuse-gueule… En fait, leur apprentissage de la cuisine commence vers 10-12 ans, quand on peut déjà leur confier des plats à réchauffer, une ratatouille à cuire… Plus ils grandissent et plus ils sont ravis de pouvoir inviter leurs copains et cuisiner pour eux. Un autre tournant décisif, c’est la rencontre amoureuse, qui déclenche l’envie de faire plaisir et de se faire plaisir, de se lancer dans une petite recette.

Mais ils restent accros aux céréales, au Nutella, aux bonbons. Est-ce la preuve qu’ils sont encore dans l’enfance ?

L’adolescence est un moment de la vie où l’on navigue entre deux mondes. Il existe donc un certain nombre d’«aliments navettes» qui font le lien entre l’enfance et l’âge adulte. Les adolescents vont parfois vouloir manger des fromages forts, des plats épicés et boire de l’alcool. Et à d’autr