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Libération

Le chrysanthème, une vie après le cimetière

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publié le 30 octobre 2009 à 0h00

A force de le voir, rond comme la lune, faire le trottoir devant les fleuristes discount en exhibant de façon quasi obscène sa gueule criarde de candidat aux meilleures ventes de la Toussaint, on avait oublié que le chrysanthème était une plante, une vraie. De celle qu'on peut rencontrer dans un jardin de charme comme, par exemple, celui dit «des vivaces», sis dans le Jardin des plantes, à Paris. Un jardin «à la hollandaise»,dit Robert Pichot, qui cultive ce carré de diversité bien ordonnée - allées de brique et de gazon - évoquant irrésistiblement la cour d'un béguinage. On y était entré pour causer bulbes de tulipes, les chrysanthèmes nous sont tombés dessus. Exubérants, les fleurs en bataille, les couleurs tout en nuances, joyeux, à des années-lumière de leurs congénères qui s'apprêtent, empotés, à rejoindre tombes et balcons.

«Vous savez, c'est la Première Guerre mondiale qui a tué les chrysanthèmes, précise Robert Pichot. Le 11 novembre 1919, plus précisément, premier anniversaire de l'Armistice. Le gouvernement a donné l'ordre de fleurir toutes les tombes. A cette époque-là, en novembre chez les pépiniéristes, il n'y avait que des chrysanthèmes.» On connaît la suite : 23 millions de pots produits en France en 2007 au dernier recensement - 94% des achats vont fleurir les cimetières. Funeste destin pour cette «fleur de joie» d'Asie débarquée en 1790 dans le Jardin des plantes et qui a fait les délices des créateurs de fleurs au XIXe