Quand on est viré pour rien, est-ce que ça veut dire qu'on ne vaut pas grand-chose ? Barbara E, caissière en Allemagne, qui a été renvoyée après trente et un ans de bons et loyaux services, a dû se poser la question. Son employeur lui reprochait un trou d'1,30 euro. Début 2008, Barbara est licenciée, sans préavis, pour deux bons de consigne (48 et 82 centimes) qui manquent dans la caisse. Les bons sont ces coupons que les clients laissent en gage quand ils emportent les bouteilles. Elle les utilise pour elle. «Licenciement légitime», a jugé ce tribunal de l'est de Berlin.
Pas grand-chose. Ça dépend parfois de la qualité de ce qu'il y a dans l'assiette. Pour cette employée d'une maison de retraite de 58 ans, c'était des raviolis «souabes», servis dans la salle à manger. Le ravioli souabe, c'est ce plat qu'on appelle en Allemagne le «Maltauschen». Un mélange délicat de viande et porc, oignons, persil enveloppés de pasta. Après ses heures de service, l'employée manquait de temps pour rentrer chez elle. Elle devait suivre un séminaire de formation interne. Les petits vieux n'avaient pas fini leurs raviolis : l'employée les a mangés. Coût estimé : 3 ou 4 euros. Il y a bien eu «vol», a déclaré le tribunal. «C'est à l'employeur et à lui seul de décider de ce qu'il fait de sa propriété et de la manière dont il se débarrasse des restes.» Une juriste allemande, citée par l'Agence France Presse, estime qu'en ces temps de crise, on licencie facilement