Un porno féministe ? Pas nouveau. Mais financé par des subventions publiques, voilà qui pourrait surprendre. Surtout lorsque l'organisme qui met la main à la poche n'est autre que l'Institut suédois du film, peu connu pour ses largesses à l'égard de l'industrie du X. Mais l'œuvre en question sort de l'ordinaire. Dirty Diaries, douze courts métrages, conçus par autant de réalisatrices, veut revisiter le genre. Mettre des femmes derrière la caméra, leur faire filmer le plaisir et la sexualité au féminin, loin des clichés d'une industrie dominée par les hommes. Le tout dans une démarche féministe. Mia Engberg, 38 ans, est à l'origine du projet. Documentariste, elle a réalisé, en 2002, un premier film érotique, Selma et Sofie, qui racontait le désir d'une femme pour sa prof de natation. Une rupture pour elle, qui se définit comme une «féministe engagée», opposée à tout ce qui peut avoir trait à l'industrie du X. «Je me suis rendu compte que j'étais devenue victime de mon opposition. Je m'interdisais le porno,alors que je voulais voir des films, mais faits autrement.»
Exploration. En 2004, Mia Engberg récidive avec un court métrage, présenté au Festival du film de Stockholm, qui montre le visage de femmes pendant l'orgasme. Les réactions l'étonnent. «Les hommes les trouvaient moches.» Pour elle, c'est la preuve qu'ils ont besoin de voir plus de femmes s'adonner au plaisir du sexe. Des vraies, pas des poupées Barbie aux