Une bande de terre derrière une haie, à l'ombre de la galerie de paléontologie du Muséum d'histoire nationale d'histoire naturelle, à Paris : c'est là que Robert Pichot, responsable du carré dédié aux végétaux vivaces dans le Jardin des plantes, trie ses bulbes de tulipes, récupérés de saisons précédentes. Le moment est bienvenu, il lui faudra les planter avant la fin novembre. Il les ausculte, les jauge : seuls les gros seront dignes d'être plantés dans le décor du jardin public. «Quand vous achetez des bulbes de tulipes, dit-il, il faut préférer les gros calibres, de bon poids, et bien fermes, sans entaille. C'est une garantie de belle floraison.» Encore faut-il planter la chose à une profondeur de trois fois son diamètre dans une terre légère, évitant les sols argileux et compacts qui retiennent l'eau, favorisent le pourrissement, et rendent difficile l'ascension du germe. Ensuite, vous devez laisser venir le froid, essentiel : les spécialistes le savent qui mettent leurs oignons au frigo pendant un mois en cas de climat trop doux. La tulipe paraîtra entre mars et mai, selon les variétés. «Après la floraison, on coupe la hampe pour éviter une fructification qui pomperait sur les réserves. Et si on veut réutiliser le bulbe, on laisse les feuilles se dessécher.» Deux ou trois ans plus tard, on aura un nouveau bulbe à maturité, et une nouvelle fleur en beauté.
Ainsi la boucle du bulbe se boucle-t-elle en vertu de lois élucidées par les physiologiste