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Libération

«En ligne, c’est le bal à Venise»

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Harpon . Jean-Philippe joue avec les pseudos, les mots, dans une joute raffinée et cultivée.
publié le 13 novembre 2009 à 0h00

Depuis des mois, Jean-Philippe, un écrivain de 41 ans, utilise sa plume comme un harpon sur des sites de rencontre.

«Des copines ou des ex m’avaient montré les mails qu’elles recevaient via Meetic : 90 % des types faisaient des fautes, pondaient deux lignes hyperpauvres, mufles ou brutales, voire faisaient du copié-collé, ça se sentait. Dès lors, un boulevard s’est ouvert devant moi. Si tu sais écrire, sur les sites de rencontres, c’est tout bon. D’ailleurs, on y trouve un paquet d’écrivains doués ou de psys qui entretiennent de véritables harems. J’en ai parlé avec des copains auteurs, on s’est tous fait le même constat : les autres types sont tellement nuls, et les femmes sont tellement en demande de rêves, qu’il y a moyen de faire des cartons en ligne.

«Dans la vraie vie, je ne rivalise pas avec les beaux gosses. Quand je débarque dans une soirée, je n’accroche personne au premier regard. Par contre, si on me laisse cinq minutes pour parler, là je fais la différence et les autres restent derrière. A l’écrit, c’est pareil. J’ai un truc que les grands bruns à mâchoire carrée n’ont pas. Mon chant est plus beau.

«Or, la drague en ligne, c’est de la parade nuptiale. Ça commence par une annonce, des mails, un chat. Et les femmes ont développé une hypersensibilité aux mots, à la correspondance. Dans ma catégorie d’âge, ça fait vingt ans qu’elles n’ont pas entendu un joli chant, et peut-être même qu’on ne leur a jamais fait la cour.

Rentable. «J'ai soigné mon annonce