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Libération

La sexualité ado traînée dans le tabou

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Préjugés, morale, accès au Planning , la contraception reste difficile à obtenir.
publié le 14 novembre 2009 à 0h00

Trop jeune pour coucher à 15 ans ? Il y a des regards qui le disent. C'est une jeune femme qui rapporte l'anecdote, lors d'une enquête sur la sexualité des Français de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Adolescente, elle vient voir un médecin pour avoir une contraception. La réponse du professionnel : «Vous êtes trop jeune, réfléchissez avant d'entamer une vie sexuelle.» Une autre, venue dans une pharmacie pour avoir la pilule du lendemain (délivrée gratuitement pour les mineures) et qui entend (devant tout le monde) : «Vous avez quel âge ? Vous pensez que vous avez l'âge pour ça ?»

«La sexualité des jeunes n'est pas reconnue. Tant qu'elle sera jugée illégitime, ils auront de grandes difficultés d'accès à la contraception», analyse Nathalie Bajos, sociologue, démographe et directrice de recherche à l'Inserm. «Il y a une morale ambiante, parfois un peu paternaliste, pense aussi Marie-Pierre Martinet, secrétaire générale du Mouvement français pour le Planning familial. Comme si certains adultes avaient oublié qu'eux aussi ont eu 16 ans.»Tout cela ne facilite pas les premiers pas vers la contraception.

Anonymat. Les filles de 15 à 19 ans sont 65% à prendre la pilule. Encore faut-il se débrouiller pour l'obtenir. Et se demander si c'est la méthode la plus appropriée. L'an dernier, près de 12 000 mineures ont eu accès à la pilule du lendemain en allant voir leur infirmière sc