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Libération

«Si je parle de ça à mes parents, c’est une tarte dans la gueule»

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Doutes et certitudes des lycéennes de Lomme, dans la banlieue lilloise :
publié le 14 novembre 2009 à 0h00

«Pour une fois, Ségo, elle fait un truc bien. Remarque, j'avais voté pour Ségo, moi, dans ma tête», dit Prisca. Il est un peu plus de midi, elles chauffent au soleil d'automne, sur les marches d'une sculpture de briques. On est à Lomme, banlieue populaire de Lille, entre le lycée Sonia-Delaunay, qui prépare à la vente, au secrétariat, au stylisme, et le lycée Jean-Prouvé, génie civil et bâtiment. Des yeux bleus, verts, des minois jolis, des piercings…

Abigaïl et Pascale portent un rouge à lèvres noir, des étoiles et des larmes autour des yeux. L'idée du «pass contraception» de Ségolène Royal en Poitou-Charentes, si on l'appliquait en région Nord-Pas-de-Calais, championne de France des grossesses précoces ? «Ben oui, c'est une bonne idée, dit une affranchie. Les filles enceintes, ça arrive. Une fois, une fille s'est effondrée au milieu du couloir. Elle était enceinte, mais personne ne le savait, elle n'avait pas osé le dire à ses parents. Elle portait des vêtements larges.» Elles savent que l'infirmière peut donner la pilule du lendemain. «Sauf qu'elle est pas efficace à 100%», dit une plus timide. Elle lève les yeux vers sa copine : «Et la pilule-pilule [la contraceptive, ndlr], elle marche bien ?»

Le problème, c'est d'oser en parler à l'infirmière. «Elles disent qu'elles gardent le secret professionnel, mais on a peur qu'elles le gardent pas», dit une brune. Elles reconnaissent qu'elles ne racontent pas tout : «En débu